Placé au cœur de la réalité atroce du kidnapping, témoin de l’angoisse des familles, du sadisme des ravisseurs et des sombres réalités de la police et du pouvoir politique, Réginald Delva nous livre ici un témoignage révélateur. Ancien secrétaire d’État à la Sécurité publique, ancien ministre de l’Intérieur et responsable de l’organisation Alerte Haïti, Réginald Delva nous narre les cas qui l’ont marqué et les heures de négociations intenses qu’il a connues. Il revient en détail sur le dossier des armes saisies au Port de Saint-Marc en 2016, l’affaire Clifford Brandt, le démantèlement de réseaux criminels, du “Gang Galil”, entre autres. Je connaissais et appréciais déjà le côté méthodique, méticuleux et innovant de Réginald Delva dans les processus d’investigation que je retrouve dans ces pages ; je découvre ici des qualités insoupçonnées de conteur qui tient le lecteur en haleine comme dans les bons romans policiers. Il s’agit d’une plongée dans l’univers du crime abject et l’auteur excelle dans les portraits psychologiques des différents personnages tout en distillant des révélations porteuses de leçons. Cet ouvrage est indispensable pour cerner certaines facettes du crime organisé et comprendre la genèse du kidnapping en Haïti.

À titre de témoin, Réginald Delva, au travers de ces 402 pages, éclaire le tribunal de notre conscience collective.

Bernard GOUSSE

Ancien Ministre de la Justice et de la Sécurité publique

Au milieu des années 2000, soudainement une vague d’enlèvements secoue la société haïtienne. Désemparées, les familles essaient de faire front. Mais en vain. Alors, il leur a fallu recourir à l’assistance de professionnels pour négocier avec les ravisseurs. La tension est oppressante dans la famille de l’otage. L’expert s’installe dans la maison familiale et partage son temps à élaborer des stratégies circonstanciées, jusqu’à obtenir un dénouement heureux.

En rapport avec les ravisseurs, il doit faire face à des maladresses venant parfois d’un membre de la famille. Après la libération, les cicatrices du drame ne disparaissent pas pour autant chez la victime. Encore une situation à gérer, savoir vers qui l’orienter pour une cure.

Une tâche délicate que celle de l’expert. En cette qualité, l’auteur livre ses souvenirs. Un témoin privilégié. Un mémoire de choc pour la gouverne du grand public. Où mettre les pieds? Les gestes à ne pas faire. Les attitudes à adopter. Les erreurs à ne pas commettre.

Reginald Delva, avec une mémoire prodigieuse – doté il faut reconnaître, de la discipline martiale – et un talent insoupçonné d’écrivain, livre un travail autobiographique vraiment instructif. Une référence pour les générations actuelles et futures.

Jean-Claude BOYER

Ecrivain

Les témoignages des anciens officiels et fonctionnaires de l’État inscrits dans des ouvrages fidèlement rédigés est une pratique à encourager. Certes, les êtres humains sont sujets à l’imperfection et à l’oubli de certains détails importants des évènements dont ils ont été les témoins et acteurs privilégiés, en raison du passage du temps. Tout de même, dans un pays comme Haïti, où les archives tendent à disparaître à cause des incendies initiés par des pyromanes de tout poil, des ouvrages comme À Titre de Témoin sont salutaires. Delva, en écrivant À Titre de Témoin, se positionne dans la tradition des grands patriotes Haïtiens, comme Pompée-Valentin Baron de Vastey, Alexis Beaubrun Ardouin, Thomas Madiou, Jean Price-Mars et tant d’autres.

En effet, l’auteur rend service à la Patrie qu’il aime tant et à ses concitoyens et concitoyennes desquels il se veut le serviteur. Il présente son sujet de prédilection, la sécurité publique, par un récit clair, sans faux-fuyants. Il porte un regard fascinant sur le complexe industriel de l’insécurité en Haïti. Là où d’autres offusquent, tergiversent et s’embourbent par ce que Price-Mars décrit comme « verbomanie », des discours qui obscurcissent et des comportements intéressés, Réginald Delva explique, expose, propose et éclaire les zones d’ombre de la sécurité en Haïti. En vérité, dans cet ouvrage, Réginald Delva est à la fois technicien et pédagogue.

Ayant été menacé, surtout dans ce contexte périlleux de la perte quasi-totale de l’autorité de l’État, Réginald Delva prend son courage à deux bras pour élucider le public sur l’enracinement et la durabilité de ce climat de terreur qui sévit actuellement en Haïti. Les lecteurs et lectrices seront ravis qu’il tente de démystifier ce domaine, comme pratiquement tous les aspects de la gouvernance d’Haïti.

En lisant À Titre de Témoin, l’on est contraint de croire que l’État haïtien est devenu un acteur passif dans la sécurité des vies et des biens sur son territoire. D’ailleurs, des individus puissants et véreux, l’on constate, l’accaparent à leurs fins funestes, soit pour obtenir le précieux sésame d’un visa pour des juges et leur famille en situation irrégulière chez l’Oncle Sam, ou pour des vendetta, ou encore pour se tirer d’affaires.

Assermentés de veiller à l’application fidèle des lois et à la continuité de l’État, les dirigeants, de part et d’autre, assistent, avec une complaisance étonnante, à la démoralisation et la déresponsabilisation des structures de sécurité nationale et publique. À ces déficiences structurelles s’ajoute l’indifférence de l’ensemble des élites nationales, qui se contentent de se lamenter et de se fier au secours peu probable de la Providence et/ou de l’étranger, le « blanc » proverbial de l’imaginaire haïtien.

L’on est tenté, en lisant À Titre de Témoin, de ne pas pouvoir résister de faire l’amalgame, et, par extension, de croire que toutes les institutions régaliennes de l’État par excellence – Police nationale, Parquet, Justice et Administration pénitentiaire, Parlement et Défense nationale – souhaitent sous-contracter la sécurité nationale à des instances exogènes.

Dans le sens positif, À Titre de Témoin permet de découvrir des fonctionnaires publics comme les agents de la Cellule Contre Enlèvement de la Police nationale qui ont réalisé des exploits, malgré les insuffisances aigues de moyens, pour permettre à leurs concitoyens et concitoyennes de recouvrer la liberté et pour traduire des criminels en justice.

En plus de saluer le courage et les connaissances de Réginald Delva en la matière, l’on veut aussi croire que cet ouvrage sera l’ultime retentissement du lambi pour le réveil national et la prise en charge de sa gestion. Pour avoir, au moins, tenté de contribuer à ce pari indispensable, Réginald Delva, une fois de plus, a rendu service à la Nation haïtienne en exposant les tenants et les aboutissants de la négligence inouïe qui caractérise le traitement de la sécurité nationale.

Dans cette optique, À Titre de Témoin est un tour de force !